Portraits

Kalidou

L’enfant des terres

Il a quitté son village seul avec ses rêves d’enfant

Pleuré en disant au revoir à ses parents

Serré très fort sa mère qui en l’embrassant

Lui répétait surtout mon fils soit prudent !

 

Il partait fier et conquérant

Vers un monde de paix

De terres humanisées et de progrès

où les droits étaient respectés où les guerres étaient depuis longtemps achevées

 

Il voulait fuir son pays de pauvreté et d’insécurité

Né au mauvais endroit et au mauvais moment

Il voulait changer son destin en avenir meilleur

Prendre le large, pour aller vers les lumières de l’occident liberté et fraternité

 

Enfant de la chaleur, il ne connaissait pas le froid Enfant du désert, il n’avait jamais vu la mer Enfants des terres, il ne savait pas nager

 

 

Dans une embarcation légère

Il s’est entassé avec ses frères de misère

Des jours et des jours à rêver d’accoster

Pour enfin oublier la faim le tenailler

Ne plus sentir l’odeur des corps enchevêtrés

Ce n’était pas du voyage, l’idée qu’il s’en faisait

 

Piégé entre ciel et mer, il n’a pas débarqué

Le voyage, pour lui, brutalement s’est arrêté,

Une vague terrible l’a projeté

Dans les profondeurs de la mer agitée

 

Enfant des plaines, il ne savait pas nager

Il s’est débattu comme un désespéré

Pour se raccrocher à la vie à son village, à ses frères et sœurs, à ses amis

 

Mais son souffle s’est vite épuisé

Il a eu pour ses parents la dernière pensée

Pardon maman, je ne pourrais plus vous revoir, ni vous aider. J’étais enfant des terres, je ne savais pas nager

 

 

Nous avons écrit cette histoire pour rendre hommage à nos frères, enfants invisibles, disparus à jamais dans le grand cimetière Méditerranée