Portraits

Anne-Solène

Poisson-zèbre

Tu peux aller de l’avant en marchant en arrière

Remonter le courant vers les parages, des abysses à la lumière.

Héliotrope éternelle, je suis un poisson-lanterne

J’accroche des étincelles sur les horizons ternes.

Enfantée par des ombres, l’impair et l’amère

L’un, père, brille dans son éclipse

La mère, sombre, ne peut pas vivre, seulement existe

Quand le re-père, ivre de rage, vient faire naufrage sur le récif.

Alors j’ai rejoint un ban, presque par hasard, un jour d’hiver un peu trop dark

Bande de mômes cabossés qui changent le sable en nacre.

Destins liés par nos drames mais que vogue la galère !

Sororité conjuguée à chacune de ces lumières.

J’ai des monstres plein les poches, critérium pour lampe-torche

Poisson-coffre, j’traîne mes souvenirs du plus joli au plus féroce.

Du jardin de l’enfance, je n’ai vu que les chemins de travers

Mais j’ai la lueur tenace et la fibre de vers.

Prendre soin des autres, les faire rire, les protéger
J’sais rien faire d’autre et j’sais pas bien où tout ça va me mener.
Je suis un poisson lunaire ascendant clown, boule d’amour sans ancrage
Sous mon sourire en filigrane, aperçois l’ombre et les orages.
La nuit m’rattrape même dans les vagues, sommeil houleux, team insomniaques
Mer de nuages trop agitée, j’suis prise au piège par le ressac.
Rodéos nocturnes épuisants, courses poursuite avec mes fantômes
Lever du jour et fin du game, j’lâche prise comme un poisson dans l’aube.
J’ai appris à grimper aux arbres pour prendre de la hauteur
Perspectives inversées, équilibre chahuteur.
Temps de rien au sommet, apnée vitale du rêveur
J’aime le vent dans les branches, poisson-chat à mes heures.
Tu peux entendre ce que je tais dans chaque silence offert
Eclats de rires, rages, sanglots, réfugiés dans mes éclats de vers.
Je porte l’ombre et la lumière dans les hélices de mon ADN
Poisson-zèbre vacillant jusqu’au bord de la scène.